Amérique Latine et Caraïbes

En savoir plus sur le travail de plaidoyer basé sur les données du partenaire EM2030, CLADEM, et sur la performance de l'ALC dans l'indice de genre des ODD.

The Latin American and Caribbean Committee for the Defense of Women’s Right (CLADEM), est un réseau d'organisations et de militantes des droits des femmes, créé en 1987 au Costa Rica après une série de discussions lors de la 3e Conférence mondiale sur les femmes des Nations Unies à Nairobi. Le CLADEM fait progresser les questions de droits humains des femmes et d’égalité des sexes en surveillant les traités internationaux, en proposant des réformes législatives, en entreprenant des recherches et des formations et en organisant des actions de groupe si nécessaire. Les données et les preuves sont essentielles à la capacité du CLADEM à surveiller la législation et les politiques liées au genre, ainsi qu’à entreprendre son propre travail de plaidoyer et de campagne.


Apprenez-en davantage sur le travail de plaidoyer basé sur les données du CLADEM.

À propos de l'égalité des genres en ALC :

Score d’Indice en 2020 : 67,6

Score d’Indice en 2015 : 67,0

Évolution : « aucun progrès » depuis 2015 et score général « faible »

Résultats

L’Amérique latine et les Caraïbes obtiennent le deuxième meilleur score de l’Indice du Genre dans les ODD 2022 (sur cinq régions couvertes), malgré un score général affichant une progression d’à peine plus d’un demi-point depuis 2015. Parmi tous les objectifs de développement durable (ODD), l’Amérique latine et les Caraïbes obtiennent leurs meilleurs scores sur l’ODD 7 (énergie propre) et l’ODD 6 (eau), à la faveur de « bons » scores atteignant respectivement 86 et 84 points.

Un « progrès rapide » a été accompli depuis 2015 vis-à-vis de l’ODD 5 (égalité de genre). Pour cet ODD, le pays qui obtient le meilleur score en 2020 est le Costa Rica (84 points), tandis que le Mexique affiche une progression de 14 points grâce aux progrès accomplis en matière de représentation des femmes au parlement (Ind. 5.4) et dans les fonctions ministérielles (Ind. 5.5). La région obtient un « très mauvais » score (seulement 30 points) concernant les fondements juridiques de l’avortement (Ind. 5.3).

Bien que l’Amérique latine et les Caraïbes aient réalisé des « progrès rapides » notables concernant l’ODD 9 (innovation) et « quelques progrès » concernant l’ODD 16 (justice) et l’ODD 17 (partenariats), la région continue d’afficher en 2020 un score « très faible » pour l’ensemble de ces objectifs. Le score régional pour l’ODD 13 (climat) est également préoccupant, puisqu’il a évolué dans la « mauvaise direction » depuis 2015.

« Aucun progrès » n’a été accompli vis-à-vis de l’ODD 4 (éducation) et les deux tiers des pays de la région n’ont réalisé « aucun progrès » ou ont évolué dans la « mauvaise direction » vis-à-vis de l’ODD 3 (santé), à l’instar du Venezuela, dont le score a régressé de 5 points. La régression ou l’absence de progrès sur l’ODD 1 (pauvreté) est pratiquement unanime dans la région, puisque seul le Chili, le Honduras et le Paraguay ont progressé vis-à-vis de cet ODD. Par ailleurs, seulement deux pays de la région ont amélioré leur score vis-à-vis de l’ODD 11 (villes durables).

De profondes disparités et inégalités structurelles continuent d’entraver les progrès de la région vis-à-vis de l’ODD 10 (inégalités), puisque deux des cinq indicateurs correspondant à cet objectif évoluent dans la « mauvaise direction ». L’évolution dans la « mauvaise direction » des perceptions des femmes concernant le coût du logement (Ind. 11.1), le revenu du ménage (Ind. 1.4) et le prix des aliments (Ind. 2.4) peuvent expliquer la stagnation ou le recul des progrès accomplis au regard de certains objectifs.

L’ensemble de ces évolutions dans la « mauvaise direction » sont antérieures à la pandémie de COVID-19. Les données indiquent que la pauvreté et les inégalités se sont aggravées depuis 2020, puisque l’insécurité alimentaire, qui est étroitement liée à l’extrême pauvreté, touchait plus de 40 % de la population en 2020 (contre environ 34 % en 2019).

Si l’on se penche sur la performance générale des pays de la région, on constate qu’aucun pays (pas même les pays les mieux classés que sont l’Argentine, le Costa Rica et l’Uruguay) n’enregistre un « progrès rapide » depuis 2015. Parmi les pays les moins bien classés, le Venezuela évolue dans la « mauvaise direction », tandis que le Honduras et le Guatemala enregistrent « quelques progrès ».

Réflexions de Comité de América Latina y el Caribe para la Defensa de los Derechos de la Mujeres (CLADEM)

L’Indice du Genre dans les ODD 2022 montre que la région d’Amérique latine et des Caraïbes est celle qui a réalisé le moins de progrès depuis 2015. Malgré l’amélioration de ses performances vis-à-vis de certains indicateurs et objectifs de développement durable (ODD), à savoir l’ODD 5 (égalité de genre) et l’ODD 8 (travail), les défis structurels auxquels la région a historiquement été confrontée expliquent sa stagnation, voire sa régression, sur les principales questions liées à l’égalité de genre.

La pauvreté, les inégalités, la corruption, l’autoritarisme, les conflits armés, la criminalité et la violence urbaine, la fragmentation des systèmes de protection sociale, ainsi que les politiques budgétaires et économiques rétrogrades sont autant de facteurs qui ont alimenté le mécontentement social dans la région, limitant ainsi les progrès réalisés en matière d’égalité de genre. La pandémie de COVID-19 a exacerbé ces problèmes structurels et mis en évidence la fragilité des progrès déjà accomplis.

Il est essentiel de combattre la violence à l’égard des femmes et des filles, qui est omniprésente dans la région. La persistance de normes et de stéréotypes de genre néfastes provoque une tolérance sociétale de la violence, des lois discriminatoires, une absence de répression et un manque de justice pour les femmes et les filles. Trois des cinq pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui obtiennent les scores les plus faibles pour l’ODD 16 (justice), à savoir le Guatemala, le Honduras et le Mexique, sont marqués par un climat d’impunité généralisée au sein du système judiciaire. Ces pays figurent également parmi ceux qui enregistrent le plus grand nombre de féminicides (Ind. 16.2) dans la région. Les efforts déployés pour prévenir et éradiquer toutes les formes de violence, y compris la violence sexuelle à l’encontre des adolescentes et des jeunes femmes, ont été insuffisants. Parallèlement, les mouvements anti-droits qui essaiment dans toute la région continuent d’entraver l’accès à un avortement sûr et légal (Ind. 5.3), qui constitue l’indicateur de l’ODD 5 (égalité de genre) pour lequel la région obtient les moins bons scores, en dépit de niveaux alarmants de grossesses non consenties chez les filles et les adolescentes.

Les femmes qui occupent des emplois vulnérables (Ind. 8.2) représentent un autre problème qui appelle à des solutions urgentes pour inverser les tendances que révèle l’Indice.  Les recherches menées par la CEPALC et ONU-Femmes indiquent que la COVID-19 a encore aggravé la situation des femmes pour cet indicateur, et a exacerbé l’inégale répartition du travail de soins. La pandémie a conduit à renforcer les efforts de plaidoyer déployés en faveur de la mise en œuvre de systèmes de soins complets, qui garantissent l’accès aux soins des personnes qui en ont besoin et protègent les droits de celles qui les dispensent, afin d’autonomiser les femmes et de favoriser la reprise socio-économique de la région.

Enfin, la région d’Amérique latine et des Caraïbes se trouve confrontée à d’importants enjeux liés au changement climatique (ODD 13) et à l’augmentation des flux migratoires. Les crises environnementales, la violence et les conflits, qui touchent de manière disproportionnée les femmes et les filles issues des communautés rurales, indigènes et noires, ont entraîné une forte hausse des déplacements forcés (internes ou transfrontaliers) dans la région.