Indonésie

1 min En savoir plus sur les performances de l’Indonésie en matière d’égalité de genre depuis 2015.

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PROGRÈS

Score d’Indice en 2020 : 66,7

Score d’Indice en 2015 : 64,9

Évolution : « quelques progrès » depuis 2015 et score général « faible »

Classement mondial en 2020 : 76e sur 144 pays

Classement régional en 2020 : 15e sur 26 pays d’Asie et du Pacifique

L’Indice du Genre dans les ODD en 2020 montre que l’Indonésie réalise « quelques progrès » depuis 2015, avec un score général de 66,7. Parmi les différents objectifs de développement durable (ODD), l’Indonésie obtient en 2020 ses meilleurs scores sur l’ODD 6 (eau), l’ODD 7 (énergie propre) et l’ODD 3 (santé). Malgré la réforme de l’âge légal du mariage et la mise en place du plus grand programme national d’assurance maladie au monde, les difficultés de mise en œuvre et les normes de genre néfastes continuent d’entraver la progression du pays vers l’égalité de genre.

Depuis 2015, l’Indonésie a réalisé des « progrès rapides » vis-à-vis de plusieurs objectifs. Son score relatif à l’ODD 13 (climat) a augmenté de près de 14 points, classant le pays à la 35e place à l’échelle mondiale. L’Indonésie enregistre également une impressionnante augmentation de 12 points relativement à l’ODD 9 (innovation), grâce à l’augmentation de l’utilisation de services bancaires électroniques par les femmes (Ind. 9.1) et à la progression de l’accès des femmes à Internet (Ind. 9.3), ainsi que des améliorations de 6 points ou plus sur l’ODD 6 (eau), l’ODD 8 (travail) et l’ODD 7 (énergie propre).

L’Indonésie affiche une très bonne performance pour ce qui est de la réduction du nombre de filles dans l’enseignement primaire plus âgées que la normale (Ind. 4.1). En revanche, le pays obtient un score « très faible » pour ce qui est du nombre de femmes achevant au moins une partie de l’enseignement secondaire (Ind. 4.4) et de l’espérance de scolarisation des filles (Ind. 4.2). Le score global de l’Indonésie vis-à-vis de l’ODD 4 (éducation) ne s’est que légèrement amélioré, passant de 67 à 69 points entre 2015 et 2020.

Le pays affiche ses scores les plus faibles sur l’ODD 17 (partenariats), l’ODD 10 (inégalités) et l’ODD 5 (égalité de genre). Pour ce dernier, la situation est particulièrement préoccupante puisque l’Indonésie se classe désormais à la 115e place mondiale. L’amélioration de la proportion de femmes au parlement (Ind. 5.4) a été contrebalancée par un recul de la proportion de fonctions ministérielles exercées par des femmes (Ind. 5.5). Le score de l’Indonésie concernant les fondements juridiques de l’avortement (Ind. 5.3) n’a pas évolué et demeure « très faible » (15 points).

La plus forte régression de l’Indonésie concerne l’ODD 11 (villes durables), pour lequel le pays voit son score chuter de 12 points depuis 2015. Ce recul s’explique par l’évolution des perceptions des coûts du logement par les femmes (Ind. 11.1), par la hausse des émissions de CO2 (Ind. 11.2), ainsi que par l’augmentation de la part de la population vivant dans des bidonvilles (Ind. 11.4). Dans un pays dont 56,6 % de la population est urbaine (la capitale Jakarta comptant d’ailleurs parmi les plus grandes villes du monde), cette régression est particulièrement préoccupante.

Important message

Le score global de l’Indonésie reflète quelques progrès vers l’égalité de genre.

Réflexions de KAPAL Perempuan

La performance de l’Indonésie dans l’Indice du Genre dans les ODD 2022 fait ressortir un besoin essentiel d’une volonté politique plus forte et d’efforts coordonnés en vue de garantir les droits des femmes et des filles. Alors que l’Indonésie a enregistré une augmentation de 12 points du score d’Indice entre 2015 et 2020 sur l’ODD 9 (innovation), grâce aux progrès réalisés concernant l’utilisation des services bancaires électroniques par les femmes (Ind. 9.1) et l’amélioration de leur accès à Internet (Ind. 9.3), d’importantes inégalités demeurent, en particulier chez les femmes vivant dans les zones isolées où les outils de communication, la couverture Internet et l’électricité font défaut.

L’Indice montre également une augmentation de 7,5 points sur l’ODD 8 (travail). Malgré un « progrès rapide » concernant l’autonomisation économique des femmes dans le secteur formel, les travailleurs du secteur informel (qui sont essentiellement des femmes) continuent de ne pas bénéficier des mêmes droits et protections. Les travailleuses et travailleurs domestiques, par exemple, demeurent privés d’un salaire décent, de sécurité sociale ou d’un environnement de travail sûr, et sont fréquemment victimes de violences. En 2019, la plupart des employés domestiques d’Indonésie travaillaient dans le secteur informel et 61 % des travailleurs informels, en zones urbaines comme rurales, étaient des femmes. Les défenseurs et défenseures de l’égalité de genre et des droits des travailleurs et travailleuses font pression depuis 2004 pour faire adopter le projet de loi sur la protection des travailleurs et travailleuses domestiques, sans parvenir à obtenir de résultats concrets de la part du gouvernement et du parlement.

Il est inquiétant de constater que l’Indonésie obtient son score le plus faible sur l’ODD 5 (égalité de genre), avec seulement 51 points (« très faible »). Ce chiffre est bien inférieur à la moyenne régionale, même si l’Indonésie dispose déjà d’une protection juridique pour les femmes et les enfants, de réglementations sur l’intégration des questions de genre, ainsi que d’un budget de développement tenant compte des questions de genre. En 2019, l’Indonésie a révisé sa loi sur le mariage en rehaussant de 16 à 19 ans l’âge minimum du mariage pour les filles. Cependant, des difficultés de mise en œuvre subsistent. Ce contraste entre les lois et les pratiques est révélateur d’un contexte où l’évolution des cadres juridiques et politiques n’entraîne pas systématiquement de changements réels sur le terrain. La présence de davantage de femmes pour piloter la mise en œuvre des politiques pourrait aider à combler ces lacunes.

Ces défis peuvent s’expliquer par les normes sociales de patriarcat et de subordination des femmes qui demeurent dominantes au nom de principes et de coutumes d’ordre religieux. La violence à l’égard des femmes continue d’augmenter, y compris la violence sexuelle, qui est omniprésente. Les données du Comité national indonésien des femmes montrent que sur les 431 471 cas de violence à l’égard des femmes signalés, 2 807 (à savoir 25 %) concernaient des violences sexuelles. L’enquête nationale de 2016 sur l’expérience de vie des femmes a révélé que 41,7 % des femmes interrogées ont déjà été victimes de violence, y compris sexuelle. Il est urgent que le gouvernement indonésien ratifie la proposition de loi sur la pénalisation de la violence sexuelle afin de protéger les victimes de violence et leurs familles.