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Utiliser le journalisme de données pour faire progresser l’égalité de genre : une conversation avec Rosemary Okello-Orlale

Gros plan sur Rosemary Okello-Orlale, Boursière du Data Fellowship (cohorte du Kenya)

AP : Pouvez-vous nous décrire votre parcours et votre expérience professionnelle, et nous dire ce qui a éveillé votre passion pour le journalisme de données ? 

RO : J’ai commencé ma carrière en tant que journaliste, j’ai écrit des articles sur le développement, j’ai fondé l’Africa Woman and Child Feature Service et j’ai travaillé pour la Fondation Ford. Dans ce cadre, j’ai joué un rôle clé dans la conceptualisation et le bon déroulement du débat présidentiel de 2013. Ces expériences m’ont permis d’être reconnue comme une experte dans le domaine de la communication, des médias et du genre. Je suis également passionnée par la création de récits africains au travers de la narration de données.    

Depuis plus de 18 ans, je me suis spécialisée dans le journalisme de développement et j’étudie plus particulièrement l’intersection entre les médias, le genre et le journalisme de développement. Je travaille actuellement à la Strathmore Business School en tant que directrice de l’Africa Media Hub, dont la mission est d’améliorer l’accès à des données de qualité, pertinentes, accessibles et actualisées, ainsi qu’aux informations commerciales et financières nécessaires pour permettre aux gouvernements et aux décideurs de déployer leurs services plus largement dans les communautés. Mon travail vise à exploiter la révolution des données et à remodeler les histoires sur l’Afrique par le biais d’une communication créative et des récits tournant autour de la justice sociale. 

AP : Cela fait de nombreuses années maintenant que vous travaillez sur de multiples questions de genre. Selon vous, quels sont les principaux problèmes auxquels les femmes et les filles au Kenya sont confrontées actuellement ? 

RO : L’un des domaines dans lesquels les femmes sont confrontées à des problèmes est celui du leadership. Ceci montre qu’il est nécessaire de modifier la structure de gouvernance et de se concentrer sur les disparités de genre au sein des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, dans le secteur privé et dans les médias. La COVID-19 a contribué à mettre en lumière de nombreux problèmes tels que la violence basée sur le genre, la sécurité des femmes, le rôle des femmes dans les tâches domestiques et la sécurité des filles. Même si les médias ont rapporté un grand nombre de cas de VBG, les problèmes auxquels les femmes et les filles au Kenya ont été confrontées pendant la pandémie de COVID-19 ont toujours affecté plus fortement les femmes, et de nombreuses femmes sont également confrontées à la violence par l’intermédiaire des réseaux sociaux.  

AP : Quelle est la perception générale de ces questions, et est-elle fondée sur des données ? 

RO : Même si les données peuvent aider à mettre en évidence les questions de genre en utilisant des faits et des chiffres, la culture et les pratiques traditionnelles influencent fortement la façon dont les hommes et les femmes se perçoivent dans leurs rôles respectifs. Cela affecte les femmes dans l’éducation, la prise de décisions, l’environnement de travail et, de manière générale, au sein des communautés. Par conséquent, une politique globale en matière de données, associée à des compétences appropriées, peut aider à comprendre les défis auxquels les femmes et les filles sont confrontées et permettre aux décideurs d’intervenir là où c’est le plus nécessaire. L’élaboration d’une politique en matière de genre et de données peut contribuer à définir la manière dont les données sont collectées, utilisées et analysées pour éclairer la prise de décision.  

L’acquisition de compétences supplémentaires en matière de genre et d’analyse de données grâce à la bourse de journalisme Tableau a montré aux boursiers qu’il existe de meilleures façons d’analyser les données, en particulier lorsqu’il s’agit de questions de genre. L’utilisation habile des données et leur compréhension peuvent faire la différence dans la lutte contre les inégalités de genre aux niveaux national, régional et mondial. 

AP : Comment la visualisation des données permet-elle de faciliter la compréhension de ces chiffres ? 

RO : Si nous n’arrivons pas à faire comprendre à quelqu’un l’histoire que nous essayons de raconter, nous n’aurons pas d’impact en tant que narrateurs. Si nous comprenons, par exemple, les compétences que Tableau peut apporter et les communiquons dans un langage ordinaire adapté à une citoyenne ordinaire, nous pouvons rendre les données accessibles à de nombreuses femmes. Les chiffres sont importants, mais, pour avoir un impact, ils doivent avoir été intégrés dans des histoires et « visualisés ».   

AP : Y a-t-il autre chose que vous aimeriez ajouter et qui n’a pas été abordé dans les questions posées jusqu’à présent ? 

RO : Lorsqu’on dispose d’experts qui comprennent les données et leur rapport avec les questions de genre, on est à même de créer un espace pour l’intégration de la dimension de genre dans diverses organisations et garantir la mise en œuvre de certaines politiques. Ces compétences ne sont pas ordinaires, et le temps que j’ai passé dans le cadre de cette bourse m’a permis d’ajouter une nouvelle dimension à mon étude sur les questions de genre. Ce n’est pas une façon comme une autre d’analyser les données. Lorsque nous créons des visualisations, nous faisons un choix délibéré d’utiliser certains diagrammes et graphiques. Pour exercer en tant que professionnelle des données, il est utile que je comprenne quelle est la meilleure perception de certains types de données ou pour la communication de certains messages. Quiconque a été formé à ces compétences doit disposer de l’espace nécessaire pour les utiliser et communiquer avec un plus grand nombre de personnes à l’aide de cette plateforme.  

Rosemary Okello-Orlale est une experte reconnue en communications, médias et genre qui s’intéresse à la création de récits africains à travers la narration de données. Elle est actuellement directrice du Centre multimédia africain de la Strathmore University Business School, dont la mission est de renforcer les connaissances spécialisées des journalistes économiques et financiers dans la couverture de questions économiques à l’aide de la visualisation des données. Elle siège au conseil consultatif du Strathmore Data Analytics Centre (SADAC), et elle a fondé l’African Woman and Child Feature Service et le Kenya Media Council.   

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