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Protéger le droit des filles à l’éducation : plaidoyer guidé par les données au Burkina Faso

Le Burkina Faso est confronté à une crise sécuritaire préoccupante, qui ravage le nord et l’est du pays depuis 2015. Les personnes les plus touchées par la violence sont les femmes et les enfants de moins de 15 ans, dont la grande majorité sont des filles. Les filles se retrouvent dans une situation encore plus compliquée du fait de la déstabilisation d’un système de santé déjà fragilisé par la pandémie de COVID-19 qui a frappé le pays pour la première fois en mars 2020.

Les attaques ont forcé des millions de personnes – en particulier des femmes, des filles et des enfants – à fuir leur foyer. L’une des attaques récentes les plus violentes s’est produite dans la nuit du 4 au 5 juin 2021 à Solhan, dans la province de Yagha (nord-est du pays), faisant environ 132 morts selon le gouvernement.  Depuis cette attaque, près de 7 000 personnes auraient fui la région touchée[1].

L’éducation étant désormais une nouvelle cible du terrorisme, un grand nombre de filles prennent du retard dans leur scolarisation lorsqu’un attentat se produit. Début mars 2020, le ministère de l’Éducation, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENAPLN) a signalé que plus de 2 500 écoles avaient été fermées en raison d’attaques ou d’insécurité, avec un impact négatif sur 350 000 élèves. Ces données dissimulent la situation souvent occultée et préoccupante de la scolarisation des filles, celles-ci faisant partie des principales victimes des attentats. Les données recueillies auprès du secrétariat technique pour l’éducation en situation d’urgence montrent que, le 5 février 2021, 2 212 écoles étaient fermées. Ces fermetures ont directement touché 147 577 filles et 12 366 enseignants, dont 4 481 de femmes[2]. Au Burkina Faso, la crise sécuritaire compromet l’accès des filles et des femmes à l’éducation et les expose en même temps à des violences basées sur le genre, telles que le mariage des enfants, les grossesses précoces, les abus sexuels et le viol.

Les solutions pour mettre fin à la déscolarisation des filles et à la spirale de violence à laquelle elles sont exposées passent par un plaidoyer auprès des décideurs politiques. Les organisations de défense des droits des femmes au Burkina Faso mènent des campagnes visant à mettre fin à toutes les formes de violence basée sur le genre, à encourager l’éducation des très jeunes enfants, à développer le leadership et à autonomiser les femmes et les filles. Cependant, elles sont confrontées à de nombreuses difficultés liées au manque de données réelles et tangibles. Grâce à un financement du gouvernement canadien, l’Initiative Pananetugri pour le Bien-être de la Femme (IPBF) et son partenaire, EM2030, répondent à cette préoccupation en mettant en œuvre le projet « Plaidoyer guidé par les données en faveur de l’éducation des filles dans les situations d’urgence en Afrique ».

L’une des activités phares de ce projet est le plaidoyer en collaboration avec le réseau d’associations partenaires de l’IPBF. Ces organisations sont au nombre de 25, réparties dans huit régions du Burkina Faso. Le réseau est composé d’associations, d’ONG et d’organismes publics qui traitent des questions concernant les droits des filles et des femmes, en particulier l’éducation des filles. Elles sont réparties en trois groupes de travail représentant trois régions du Burkina : la Boucle du Mouhoun, le Centre et le Centre-Nord. Des campagnes de plaidoyer basées sur des données et des éléments concluants seront menées dans les trois régions et au niveau central. L’objectif consiste à influencer les personnes chargées de prendre des décisions pour qu’elles fassent une priorité de l’éducation des filles et des femmes en situation de crise et/ou déplacées pour cause d’insécurité. 

Chacun de ces groupes de travail préparera une étude de cas sur des sujets liés à l’éducation des filles dans les situations de crise dans leur région, afin de pouvoir avoir accès à des données concluantes et de produire des éléments de preuve à l’appui de leurs efforts de plaidoyer. Il est également prévu de mener quatre grandes campagnes de plaidoyer dans différentes régions : la première étant la communication par le biais des médias de masse (radio et télévision) ; la deuxième étant des réunions avec les décideurs régionaux du secteur de l’éducation (maires, conseillers municipaux, gouverneurs, directeurs régionaux de l’éducation, présidents des conseils régionaux, directeurs régionaux de l’enseignement préscolaire, primaire et non formelle et directeurs régionaux de l’enseignement post-primaire et de l’enseignement secondaire) ; la troisième étant la participation à des organes de décision tels que des tables rondes régionales et nationales, des réunions du conseil municipal, le bureau du secrétariat permanent du Conseil national pour la promotion du genre (SP CONAP Genre) et la révision des plans de développement régional ; et enfin la quatrième étant une réunion avec le ministre de l’Éducation nationale et de la Promotion des langues nationales.

L’engagement affiché par l’IPBF et ses partenaires représente une lueur d’espoir pour les organisations de défense des droits des filles et des femmes et pour des milliers de jeunes filles et adolescentes touchées par la crise sécuritaire, qui rêvent de poursuivre leur scolarité et d’avoir les mêmes chances de réussite que les autres.


[1]  TV5Info:https://information.tv5monde.com/video/burkina-faso-l-attaque-la-plus-meurtriere-depuis-2015

[2] Source : carte des données commandée par EM2030, avril 2021

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