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Comment l’agenda de travail du G20 peut-il faire avancer et accélérer les progrès en matière d’égalité de genre ? 

De SAHAJ (Society for Health Alternatives) et Aarushi Khanna, Directrice régionale Asie-Pacifique, Equal Measures 2030

Les dirigeants des pays du G20, soit des principales économies du monde, se réunissent en Inde, à Delhi, les 9 et 10 septembre pour un sommet annuel organisé en vue de discuter des stratégies visant à améliorer la croissance du PIB de leur pays pour bâtir une économie plus vigoureuse. Le climat, la croissance, le leadership des femmes, les politiques d’éducation et les Objectifs de développement durable (ODD) sont des sujets qui devraient figurer en bonne place à l’ordre du jour du sommet, et l’Inde, qui cette année en assure la présidence, souhaite aussi axer la discussion sur la diversité et la croissance inclusive.  

Près de 60 % de la population mondiale, la moitié étant des femmes, est concentrée dans les pays du G20. Les membres du G20 se sont engagés en faveur de l’égalité de genre en 2012 dans la Déclaration de Los Cabos, reconnaissant que l’égalité de genre est un objectif de développement essentiel pour atteindre la croissance économique et promouvoir la résilience. Dix ans plus tard, à mi-parcours des ODD, les progrès en matière d’égalité de genre ont été lents et, dans certains cas, marginaux.  

En 2020, aucun des pays du G20 n’avait atteint l’égalité de genre dans l’ensemble des ODD et au rythme actuel, selon l’Indice de genre dans les ODD élaboré par EM2030, il faudra plus de 85 ans pour que, dans le monde, on puisse parvenir au respect de ces droits. 

Même si de nombreux membres du G20 ont obtenu des scores élevés sur cet indice, nous avons également assisté à la stagnation et même au recul des progrès. Le Royaume Uni, l’Allemagne, l’Australie et l’Argentine ont tous vu leurs progrès stagner voire régresser légèrement en ce qui concerne l’élimination de la faim (ODD 2) et l’amélioration de la santé (ODD 3).  

Si l’on considère les 19 pays membres du G20, seuls trois d’entre eux ont réalisé des « progrès rapides » entre 2015 et 2020, sans doute parce qu’ils partaient au départ de scores « faibles » ou « très faibles ». Par ailleurs, une majorité parmi ces 19 pays ont obtenu un score « faible » en 2020, ce qui indique clairement qu’il leur reste beaucoup de progrès à faire lorsqu’il s’agit d’assurer un développement durable de manière équitable au regard du genre.

Nous avons rencontré une représentante de Sahaj, notre partenaire en Inde, afin de réfléchir à ce à quoi pourrait ressembler cette approche de l’égalité de genre, aux raisons pour lesquelles l’égalité de genre est à la charnière des processus du G20, et au rôle que joue l’Inde qui en assure actuellement la présidence.  

Comment l’agenda de travail du G20 peut-il faire avancer et accélérer les progrès en matière d’égalité de genre ?  

Les pays du G20 doivent s’engager à devenir une plate-forme destinée à prendre des engagements politiques concrets visant à réduire les disparités entre les genres en matière d’éducation, de santé et d’autres droits, économiques, sociaux et culturels. Lorsque nous parlons de « genre », nous l’entendons comme un concept non binaire ainsi que comme la reconnaissance de la dimension intersectionnelle du genre.  

La promotion de l’égalité de genre dans l’éducation passe par l’engagement des filles et des femmes dans toute leur diversité dans les filières STIM, afin de leur offrir de meilleures chances de trouver un emploi. L’accès aux services financiers, le soutien à l’entrepreneuriat et la formation professionnelle sont des voies essentielles permettant d’accélérer l’autonomisation économique des femmes. Ces mesures sont d’importance cruciale pour une croissance économique inclusive.  

La violation des droits sexuels et reproductifs est un phénomène répandu. Les pays du G20 doivent s’engager à faire respecter ces droits et à garantir l’accès à des soins de santé complets, en mettant particulièrement l’accent sur des services tels que l’avortement sécurisé, l’accès à la contraception et l’éducation sexuelle intégrale.  

La violence sexiste a une incidence sur la santé physique et mentale des femmes et des personnes transgenres. En conséquence, les pays du G20 doivent assurer l’application des lois destinées à protéger les droits connexes (entre autres, l’intégrité corporelle et l’absence de violence) ainsi qu’établir des systèmes de soutien permettant d’aider les victimes de la violence.  

Si vous aviez la chance de parler directement à un dirigeant du G20 et de lui transmettre un message, que lui diriez-vous ?   

L’égalité de genre est au cœur du programme de développement. L’autonomisation des femmes est essentielle à une croissance économique inclusive. En tant que défenseures des droits des femmes, nous recommanderions l’adoption de politiques visant à garantir à toute personne l’égalité des chances dans le continuum de l’égalité de genre, afin que chaque personne soit en mesure de s’épanouir pleinement.  

Nous plaiderions pour le démantèlement des obstacles à l’accès à l’éducation et aux possibilités de faire partie de la population active, y compris aux plus hauts niveaux, ainsi que pour obtenir pour les femmes et les entrepreneurs transgenres des facilités de crédit sans avoir à accomplir des démarches compliquées. Enfin, nous demanderions instamment que l’on accorde la priorité à des affectations budgétaires adéquates visant à répondre aux besoins dans le cadre des programmes en faveur de l’égalité de genre.  

Que peut faire le gouvernement indien pour faire avancer le programme d’égalité de genre dans le cadre des processus du G20 ? 

Pour promouvoir l’égalité de genre dans le cadre du G20, le gouvernement indien devrait adopter une approche comportant plusieurs volets. D’abord et avant tout, les recommandations stratégiques du G20 devraient être harmonisées avec le cadre des Objectifs de développement durable afin de créer une synergie entre les deux. Le gouvernement indien devrait mettre l’accent sur un cadre d’indicateurs communs permettant de surveiller les progrès réalisés en matière d’égalité de genre dans les pays membres du G20.  

Il devra également démontrer l’importance de l’égalité de genre en invitant plus de femmes à occuper de hautes fonctions dans le cadre du G20, et notamment à participer aux processus décisionnels, ainsi qu’en favorisant l’inclusion de diverses voix de femmes par le biais de consultations menées au sein de la société civile. De plus, il est nécessaire de créer des plateformes et de mettre en place des processus visant à établir des preuves éclairant les enjeux liés, entre autres, à la violence basée sur le genre et à la faible participation des femmes au marché du travail. Pour ce faire, il faudrait rassembler les meilleures pratiques dans le but de lutter contre celles discriminatoires qui sont courantes dans plusieurs pays du G20.  

Le Sommet coïncide avec un moment crucial pour le mouvement féministe en Inde. Nous attendons avec impatience ses résultats et espérons que les discussions engagées feront clairement ressortir l’urgence de l’action en matière d’égalité de genre. Restez à l’écoute pour la deuxième partie de ce blog dans le cadre duquel nous réfléchirons aux résultats du Sommet et à ses implications pour les programmes d’égalité de genre en Inde et dans d’autres pays du G20. 

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